Au pays des rafles et des expulsions
Le combat au coté des sans papiers n'est pas à proprement parlé une partie de plaisir. C'est un combat prenant, fatiguant et au bout du compte , bien des fois, c'est un combat désespérant...
Désespérant par le peu d'humanité qui ressort des préfectures, désespérant par le peu de personnes mobilisées, désespérant par le traitement infligé d'humain à humain... Les conditions d'expulsion des sans papier sont la négation même de l'humanisme et droits de l'Homme. Après avoir été parqués dans des centres de rétention, les sans papiers sont conduits menottés, si ce n'est enchaînés, parfois drogués (de plus en plus souvent pour être honnête), sans bagage, à l'aéroport, escortés par un véritable bataillon de policiers, le tout sans avoir pu, bien souvent, contacté leur famille.
Lorsque les informations filtrent et que les soutiens de sans papiers connaissent le jour et l'heure de l'avion qui permettra cette expulsion, des rassemblement se créent dans les aéroports. Là encore ce n'est pas par pur plaisir, on peut pas dire qu'un aéroport soit très plaisant comme terrain de jeu ou en tout cas on a connu mieux. L'objectif est d'interpeller les passagers du vol, leur expliquer la procédure qui permettra le débarquement du passager ( si on peut dire passager...). Rien de violent. Il suffit de refuser d'attacher sa ceinture, de refuser de s'asseoir. Le commandant de bord, seul maître à bord de son appareil, a alors le choix: prendre un retard considérable ou ordonner la sortie du sans papier.
On assiste parfois à de réels mouvements de solidarité qui se couronnent d'une victoire. A l'inverse, les expulsions, toujours plus nombreuses, ont quand même lieu.
Trois militants ont fais part de leurs témoignages.
Chronique d’un étudiant.
Daim Sidibé, était étudiant à Toulouse depuis cinq ou six ans. « Incontestablement bien intégré dans notre société », répondrai-je aux xénophobes. Il avait déjà été élu à l’un des conseils de son université. Inscris par l’université et complètement accepté par ses professeurs. En France, les sans papiers naissent dans les préfectures. Elles choisissent les étudiants étrangers au détriment de l’université.
Sans papiers faute de renouvellement de titre de séjour étudiant, il est arrêté, puis envoyé en centre de rétention. Le compte à rebours est lancé. Daim veut rester en France, poursuivre ses études et cela me suffit. Un réseau de personne se met alors rapidement en place pour essayer de le faire rester. A ce moment là que peut-on faire ?
La décision revient, quoi qu’il arrive, toujours au préfet. Notre seule possibilité, montrer une forte mobilisation. Il s’agit d’essayer de sauver un cas parmi plusieurs milliers. Les rafles sont de retour dans certains lieux. Égalité, fraternité, liberté…. C’est oublié.
La mobilisation doit durer un mois, afin d’empêcher son départ, suite à quoi la personne est libérée. Nos possibilités ? Elles sont minces. Il faut mobiliser sur place, dans l’aéroport, les jours possibles de départ de Daim afin de mettre au courant les passagers de ce qui se passera à bord de leur avion et de les convaincre d’empêcher le départ du vol par le refus de s’asseoir, d’attacher sa ceinture et ainsi interpeller le commandant de bord, seul maître de son appareil. Celui-ci peut par la suite refuser de décoller.
Le soutien des médias dans ce genre d’affaire est bien entendu un plus.
La veille de sa libération, alors que nous pensions avoir gagné, le consulat du Mali fourni un laisser passer aux autorités françaises. Branle bas de combat, tous à l’aéroport. Plusieurs cars de CRS nous y attendent. Les policiers, (une cinquantaine ?) diffusent leurs tracts. Les nôtres sont pris, « interdiction de tracter dans un aéroport ». On nous menace de sanction, un camarade se fait arrêté. Chaque passager que nous informons oralement est immédiatement capté par un policier qui lui communique ce qu’il encourt à empêcher le départ d’un avion.
Le combat dans ces conditions est dérisoire, mais il permet de comprendre où la France en est actuellement dans cette matière. L’avion partira dans l’après-midi.
Daim est actuellement au Mali sans possibilités de poursuivre ses études.
27 septembre 2007, 20h c’est le branle bas de combat… Antonio, 21 ans, étudiant rennais doit être expulsé ce soir en direction de Rio. Le rendez vous est fixé à 22h30 au terminal 2E de l’aéroport Charles de Gaulle.
Dans tous les cas l’information doit circuler. On ne peut laisser, dans l'indifférence, une personne se faire expulsé, une personne intégrée, établie dans un pays anciennement terre d’accueil et d’asile. Et puis dans tous les cas, hop, on se sert de son imagination et on réalise que même ans papier, Antonio a construit sa vie ici, sa vie à lui, pas celle du voisin, alors coûte que coûte cet avion ne doit pas décoller.
A notre arrivée, des voitures de police stationnent de parts et d’autres du terminal, apparemment l’expulsion d’UN étudiant est capitale pour le gouvernement, un sans papier, un paria de la société, un ennemi de notre cher démocratie mérite bien une telle escorte ( au cas où il déciderait de partir en courant avec ses menottes!!) .
A l’embarquement, au final nous ne trouvons personne. Le militantisme on le sait n’est pas à la mode mais tout de même… Au final on ne parle plus de militantisme dans cette situation, ça devient une question d’éthique…Face à ce peu de réactivité comment ne pas être indigné? Peut être qu’un jour il y aura une prise de conscience, on réalisera que les sans papier ne sont pas uniquement une masse anonyme, ils sont comme vous et moi… des personnes lambdas dans un pays où nos droits ne sont plus respectés, dans un pays où bientôt il nous faudra une autorisation pour respirer le même air que son voisin... on sait jamais vous pourriez empiéter sur son espace perso! La volonté du gouvernement est claire, 25000 expulsions par an. Peut être qu’il serait temps que vous vous penchiez sur la question. Dans un monde où certains sont privilégiés ( j'entends par là la possession de papiers) nous avons le droit, si ce n'est le devoir d'être là où nous dérangeons, de nous opposer à ce qui va à l'encontre du bon sens.
Par un manque de mobilisation consternant Antonio a été expulsé. Il laisse derrière lui des amis, un travail, ses études… Reste à se demander qui sera le suivant?
Désespérant par le peu d'humanité qui ressort des préfectures, désespérant par le peu de personnes mobilisées, désespérant par le traitement infligé d'humain à humain... Les conditions d'expulsion des sans papier sont la négation même de l'humanisme et droits de l'Homme. Après avoir été parqués dans des centres de rétention, les sans papiers sont conduits menottés, si ce n'est enchaînés, parfois drogués (de plus en plus souvent pour être honnête), sans bagage, à l'aéroport, escortés par un véritable bataillon de policiers, le tout sans avoir pu, bien souvent, contacté leur famille.
Lorsque les informations filtrent et que les soutiens de sans papiers connaissent le jour et l'heure de l'avion qui permettra cette expulsion, des rassemblement se créent dans les aéroports. Là encore ce n'est pas par pur plaisir, on peut pas dire qu'un aéroport soit très plaisant comme terrain de jeu ou en tout cas on a connu mieux. L'objectif est d'interpeller les passagers du vol, leur expliquer la procédure qui permettra le débarquement du passager ( si on peut dire passager...). Rien de violent. Il suffit de refuser d'attacher sa ceinture, de refuser de s'asseoir. Le commandant de bord, seul maître à bord de son appareil, a alors le choix: prendre un retard considérable ou ordonner la sortie du sans papier.
On assiste parfois à de réels mouvements de solidarité qui se couronnent d'une victoire. A l'inverse, les expulsions, toujours plus nombreuses, ont quand même lieu.
Trois militants ont fais part de leurs témoignages.
Une guerre a-t-elle éclaté? Les étudiants étrangers sont ils des terroristes pour être traité comme ils le sont ? Le respect de leur vie française n’existe plus.
Chronique d’un étudiant.
Daim Sidibé, était étudiant à Toulouse depuis cinq ou six ans. « Incontestablement bien intégré dans notre société », répondrai-je aux xénophobes. Il avait déjà été élu à l’un des conseils de son université. Inscris par l’université et complètement accepté par ses professeurs. En France, les sans papiers naissent dans les préfectures. Elles choisissent les étudiants étrangers au détriment de l’université.
Sans papiers faute de renouvellement de titre de séjour étudiant, il est arrêté, puis envoyé en centre de rétention. Le compte à rebours est lancé. Daim veut rester en France, poursuivre ses études et cela me suffit. Un réseau de personne se met alors rapidement en place pour essayer de le faire rester. A ce moment là que peut-on faire ?
La décision revient, quoi qu’il arrive, toujours au préfet. Notre seule possibilité, montrer une forte mobilisation. Il s’agit d’essayer de sauver un cas parmi plusieurs milliers. Les rafles sont de retour dans certains lieux. Égalité, fraternité, liberté…. C’est oublié.
La mobilisation doit durer un mois, afin d’empêcher son départ, suite à quoi la personne est libérée. Nos possibilités ? Elles sont minces. Il faut mobiliser sur place, dans l’aéroport, les jours possibles de départ de Daim afin de mettre au courant les passagers de ce qui se passera à bord de leur avion et de les convaincre d’empêcher le départ du vol par le refus de s’asseoir, d’attacher sa ceinture et ainsi interpeller le commandant de bord, seul maître de son appareil. Celui-ci peut par la suite refuser de décoller.
Le soutien des médias dans ce genre d’affaire est bien entendu un plus.
La veille de sa libération, alors que nous pensions avoir gagné, le consulat du Mali fourni un laisser passer aux autorités françaises. Branle bas de combat, tous à l’aéroport. Plusieurs cars de CRS nous y attendent. Les policiers, (une cinquantaine ?) diffusent leurs tracts. Les nôtres sont pris, « interdiction de tracter dans un aéroport ». On nous menace de sanction, un camarade se fait arrêté. Chaque passager que nous informons oralement est immédiatement capté par un policier qui lui communique ce qu’il encourt à empêcher le départ d’un avion.
Le combat dans ces conditions est dérisoire, mais il permet de comprendre où la France en est actuellement dans cette matière. L’avion partira dans l’après-midi.
Daim est actuellement au Mali sans possibilités de poursuivre ses études.
FANFAN
27 septembre 2007, 20h c’est le branle bas de combat… Antonio, 21 ans, étudiant rennais doit être expulsé ce soir en direction de Rio. Le rendez vous est fixé à 22h30 au terminal 2E de l’aéroport Charles de Gaulle.
Dans tous les cas l’information doit circuler. On ne peut laisser, dans l'indifférence, une personne se faire expulsé, une personne intégrée, établie dans un pays anciennement terre d’accueil et d’asile. Et puis dans tous les cas, hop, on se sert de son imagination et on réalise que même ans papier, Antonio a construit sa vie ici, sa vie à lui, pas celle du voisin, alors coûte que coûte cet avion ne doit pas décoller.
A notre arrivée, des voitures de police stationnent de parts et d’autres du terminal, apparemment l’expulsion d’UN étudiant est capitale pour le gouvernement, un sans papier, un paria de la société, un ennemi de notre cher démocratie mérite bien une telle escorte ( au cas où il déciderait de partir en courant avec ses menottes!!) .
A l’embarquement, au final nous ne trouvons personne. Le militantisme on le sait n’est pas à la mode mais tout de même… Au final on ne parle plus de militantisme dans cette situation, ça devient une question d’éthique…Face à ce peu de réactivité comment ne pas être indigné? Peut être qu’un jour il y aura une prise de conscience, on réalisera que les sans papier ne sont pas uniquement une masse anonyme, ils sont comme vous et moi… des personnes lambdas dans un pays où nos droits ne sont plus respectés, dans un pays où bientôt il nous faudra une autorisation pour respirer le même air que son voisin... on sait jamais vous pourriez empiéter sur son espace perso! La volonté du gouvernement est claire, 25000 expulsions par an. Peut être qu’il serait temps que vous vous penchiez sur la question. Dans un monde où certains sont privilégiés ( j'entends par là la possession de papiers) nous avons le droit, si ce n'est le devoir d'être là où nous dérangeons, de nous opposer à ce qui va à l'encontre du bon sens.
Par un manque de mobilisation consternant Antonio a été expulsé. Il laisse derrière lui des amis, un travail, ses études… Reste à se demander qui sera le suivant?
MOUHOUB et ANNA
Libellés : Ouvrir les yeux...


2 commentaires:
Un vrai plaisir ce blog! Hélas pas à cause du thème de ce dernier, mais pour l'engagement des personnes. Heureusement que certains individus s'intéressent à de vraies questions, et ont des intérêts autre que leurs intérêts purement personnels et egoistes. Alors merci et j'espère que ce blog aura un nouveau nom, un nom plus accrocheur, plus explicite afin que de nombreuses personnes tombent dessus et ouvrent les yeux sur les réalités de notre société et de notre politique.
merci au createur
Salut, ce blog est tout à fait intéressant et plus particulièrement cet article. En effet, aujoud'hui nous assitons à un quasi total désintéret pour des questions aussi importantes.
Il s'agit tout de même de la vie de personnes qu'aujourd'hui on (nos gouvernants, leurs soutiens et finalement tous ceux qui détournent le regard) considère comme un objet jetable, interchangeable,...
Je suis vraiment dégouté de voir des gens se revendiquer d'un drapeau, d'une devise ou d'une constitution en oubliant ce qu'ils ont représenté et représente toujours pour certains. Où sont effectivement les "liberté, égalité, fraternité"? Où sont les droit de l'homme et du citoyen (qui font toujours partie de notre constitution si je ne m'abuse)?
J'espère que de nombreuses personnes vont enfin ouvrir les yeux. Alors merci à l'auteur de ce blog de rajouter une pierre à l'édifice.
Enregistrer un commentaire
Abonnement Publier les commentaires [Atom]
<< Accueil