Chronique d’un étudiant.
Daim Sidibé, était étudiant à Toulouse depuis cinq ou six ans. « Incontestablement bien intégré dans notre société », répondrai-je aux xénophobes. Il avait déjà été élu à l’un des conseils de son université. Inscris par l’université et complètement accepté par ses professeurs. En France, les sans papiers naissent dans les préfectures. Elles choisissent les étudiants étrangers au détriment de l’université.
Sans papiers faute de renouvellement de titre de séjour étudiant, il est arrêté, puis envoyé en centre de rétention. Le compte à rebours est lancé. Daim veut rester en France, poursuivre ses études et cela me suffit. Un réseau de personne se met alors rapidement en place pour essayer de le faire rester. A ce moment là que peut-on faire ?
La décision revient, quoi qu’il arrive, toujours au préfet. Notre seule possibilité, montrer une forte mobilisation. Il s’agit d’essayer de sauver un cas parmi plusieurs milliers. Les rafles sont de retour dans certains lieux. Égalité, fraternité, liberté…. C’est oublié.
La mobilisation doit durer un mois, afin d’empêcher son départ, suite à quoi la personne est libérée. Nos possibilités ? Elles sont minces. Il faut mobiliser sur place, dans l’aéroport, les jours possibles de départ de Daim afin de mettre au courant les passagers de ce qui se passera à bord de leur avion et de les convaincre d’empêcher le départ du vol par le refus de s’asseoir, d’attacher sa ceinture et ainsi interpeller le commandant de bord, seul maître de son appareil. Celui-ci peut par la suite refuser de décoller.
Le soutien des médias dans ce genre d’affaire est bien entendu un plus.
La veille de sa libération, alors que nous pensions avoir gagné, le consulat du Mali fourni un laisser passer aux autorités françaises. Branle bas de combat, tous à l’aéroport. Plusieurs cars de CRS nous y attendent. Les policiers, (une cinquantaine ?) diffusent leurs tracts. Les nôtres sont pris, « interdiction de tracter dans un aéroport ». On nous menace de sanction, un camarade se fait arrêté. Chaque passager que nous informons oralement est immédiatement capté par un policier qui lui communique ce qu’il encourt à empêcher le départ d’un avion.
Le combat dans ces conditions est dérisoire, mais il permet de comprendre où la France en est actuellement dans cette matière. L’avion partira dans l’après-midi.
Daim est actuellement au Mali sans possibilités de poursuivre ses études.
FANFAN
27 septembre 2007, 20h c’est le branle bas de combat… Antonio, 21 ans, étudiant rennais doit être expulsé ce soir en direction de Rio. Le rendez vous est fixé à 22h30 au terminal 2E de l’aéroport Charles de Gaulle.
Dans tous les cas l’information doit circuler. On ne peut laisser, dans l'indifférence, une personne se faire expulsé, une personne intégrée, établie dans un pays anciennement terre d’accueil et d’asile. Et puis dans tous les cas, hop, on se sert de son imagination et on réalise que même ans papier, Antonio a construit sa vie ici, sa vie à lui, pas celle du voisin, alors coûte que coûte cet avion ne doit pas décoller.
A notre arrivée, des voitures de police stationnent de parts et d’autres du terminal, apparemment l’expulsion d’UN étudiant est capitale pour le gouvernement, un sans papier, un paria de la société, un ennemi de notre cher démocratie mérite bien une telle escorte ( au cas où il déciderait de partir en courant avec ses menottes!!) .
A l’embarquement, au final nous ne trouvons personne. Le militantisme on le sait n’est pas à la mode mais tout de même… Au final on ne parle plus de militantisme dans cette situation, ça devient une question d’éthique…Face à ce peu de réactivité comment ne pas être indigné? Peut être qu’un jour il y aura une prise de conscience, on réalisera que les sans papier ne sont pas uniquement une masse anonyme, ils sont comme vous et moi… des personnes lambdas dans un pays où nos droits ne sont plus respectés, dans un pays où bientôt il nous faudra une autorisation pour respirer le même air que son voisin... on sait jamais vous pourriez empiéter sur son espace perso! La volonté du gouvernement est claire, 25000 expulsions par an. Peut être qu’il serait temps que vous vous penchiez sur la question. Dans un monde où certains sont privilégiés ( j'entends par là la possession de papiers) nous avons le droit, si ce n'est le devoir d'être là où nous dérangeons, de nous opposer à ce qui va à l'encontre du bon sens.
Par un manque de mobilisation consternant Antonio a été expulsé. Il laisse derrière lui des amis, un travail, ses études… Reste à se demander qui sera le suivant?
MOUHOUB et ANNA
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